
OpenAI vient de lever le voile sur Sora, une application mobile qui propulse son modèle de génération vidéo Sora 2 au cœur d’une plateforme sociale inspirée de TikTok.
Lancée en version bêta invitée sur iOS il y a quelques jours, cette application vise à transformer la consommation de contenus courts en une expérience entièrement pilotée par l’intelligence artificielle. Au lieu de vidéos tournées par des utilisateurs, Sora propose un flux vertical infini de clips générés en temps réel, limités pour l’instant à une dizaine de secondes pour préserver la fluidité. Derrière cette ambition se cache une volonté claire : réinventer les interactions numériques dans un monde où l’IA crée du divertissement sur mesure, sans besoin de caméra.

L’interface de Sora s’apparente à s’y méprendre à celle des géants du scroll addictif, avec des balayages rapides et un algorithme qui adapte les suggestions aux goûts de l’utilisateur. Mais la magie opère via Sora 2, une évolution de l’outil initial qui excelle particulièrement dans la conversion d’images en vidéos dynamiques, surpassant même les concurrents comme Google’s Veo 3 pour les photos prises au smartphone. Une fonctionnalité phare permet d’intégrer son visage, avec consentement préalable, dans les créations d’autrui, générant des remixes personnalisés. Les notifications alertent en cas d’utilisation, favorisant une transparence qui pourrait atténuer les craintes liées aux deepfakes, tout en ouvrant la porte à des communautés virtuelles plus immersives.
Ce lancement survient dans un contexte tendu pour TikTok, menacé par des régulations aux États-Unis qui pourraient mener à son interdiction ou à sa vente forcée. OpenAI semble saisir cette opportunité pour ancrer les utilisateurs dans son écosystème, où l’IA n’est plus un simple outil mais le créateur exclusif de contenus. Des premiers retours d’utilisateurs soulignent une fraîcheur esthétique inédite : des scènes absurdes ou poétiques, comme des voyages imaginaires ou des danses improbables, qui captivent sans effort humain. Pourtant, cette approche soulève des questions sur l’authenticité : un feed 100 % synthétique risque-t-il de diluer les connexions humaines qui font le sel des réseaux sociaux ?
Au-delà des louanges techniques, Sora 2 n’échappe pas aux débats éthiques. Sur le front du copyright, OpenAI assure que son système filtre les violations en s’appuyant sur des opt-outs des détenteurs de droits, mais des observateurs doutent de son efficacité absolue. Au Japon, des voix s’élèvent contre une potentielle appropriation de la culture locale, accusant le modèle d’avoir été entraîné sur des contenus nippons sans régulation stricte, malgré des rencontres entre les dirigeants d’OpenAI et le gouvernement.
En fin de compte, Sora pourrait marquer le début d’une ère où les apps sociales deviennent des ateliers virtuels infinis, boostant la créativité collective tout en redéfinissant les normes de consommation médiatique. Reste à voir si cette vague IA parviendra à fidéliser un public habitué à l’humain, ou si elle révélera les limites d’un divertissement trop parfait. OpenAI, en tout cas, parie gros sur cette disruption, et les prochains mois diront si Sora devient le nouveau roi du scroll.