La France renforce sa position dans le secteur des télécommunications spatiales avec un investissement de 717 millions d’euros dans Eutelsat, dans le cadre d’une augmentation de capital totale de 1,35 milliard d’euros.
Cette opération, soutenue par d’autres actionnaires comme Bharti Space, CMA CGM et le Fonds Stratégique de Participations, porte la participation de l’État français à près de 30 %, faisant de lui le principal actionnaire de l’opérateur satellitaire basé à Paris. L’objectif est de positionner Eutelsat comme une alternative européenne à Starlink, le géant américain de SpaceX, tout en consolidant la souveraineté numérique de l’Europe.
Eutelsat, fusionné avec OneWeb en 2023, dispose d’une constellation de plus de 600 satellites en orbite basse (LEO), ce qui en fait le deuxième opérateur mondial dans ce domaine, loin derrière les 7 800 satellites de Starlink. Cet investissement permettra de financer le renouvellement de la flotte OneWeb et de soutenir le projet IRIS², une initiative européenne visant à développer un réseau satellitaire souverain d’ici 2030. Ce programme est très important pour garantir des communications sécurisées, notamment pour les secteurs militaire et gouvernemental, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.
L’opération reflète une volonté stratégique de réduire la dépendance européenne vis-à-vis des technologies non européennes, particulièrement après des inquiétudes liées à l’utilisation de Starlink dans des zones de conflit comme l’Ukraine. Des pays comme l’Allemagne et la Pologne explorent des solutions alternatives pour assurer une connectivité indépendante. Eutelsat a d’ailleurs signé un contrat de 1 milliard d’euros sur dix ans avec le ministère français des Armées pour fournir des services de communication prioritaires, renforçant son rôle stratégique.
Malgré ces ambitions, Eutelsat fait face à des défis financiers, notamment une dette accrue depuis la fusion avec OneWeb et des besoins d’investissement estimés à 4 milliards d’euros d’ici 2031 pour rivaliser avec Starlink. L’État français, soutenu par le ministre de l’Économie Éric Lombard, voit dans cet investissement un levier pour une filière spatiale compétitive et innovante, tout en appelant à une coopération européenne plus large, bien que l’Allemagne et le Royaume-Uni n’aient pas encore confirmé leur participation.
Source : LeMonde.fr
